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Mes courses

49. TDS 2022

22 Août 2022 , Rédigé par Pascal HOUVET Publié dans #Ultra Trail

Après le tragique évènement qui avait marqué les esprits l’année dernière sur la TDS me voici à nouveau sur la ligne de départ pour ma 2ème participation !

Cette année j’ai pris les choses au sérieux en me préparant pour cette course de malade !

3 Ultras en montagne dans 3 régions différentes, au Pays Basque, dans l’Hérault et pour finir en Savoie, un cumul de 300 kilomètres et de 17 000m D+.

Malgré ma désillusion sur l’UTB, je suis convaincu que je peux venir à bout de cette épreuve tant redoutée.  

J’ai la chance de connaitre la 1ère partie du parcours, je dois juste m’adapter au changement de l’horaire de départ (00h au lieu de 15h) donc un début de course de nuit.

Cette modification permettra aux participants de franchir le Passeur de Prolognan de jour (lieu de l’incident de 2021).

Cette année mes accompagnants habituels ne seront malheureusement pas présent, mais j’ai un pote qui m’accompagne !

Je sais que je vais devoir redoubler d’efforts et ne compter que sur moi-même !

Je dois bien l’admettre, je suis très stressé à l’idée d’y participer…et encore plus dans ces conditions.

Charge mentale supplémentaire, je ne suis pas sûr d’être dans les temps entre la navette pour Courmayeur, le retrait du dossard et pour le départ….

Les quelques informations :

  • 1774 participants
  • Départ : minuit
  • 147km pour 9100D+
  • 44h maximum

D’après les pronostics de l’UTMB, je suis censé finir en 33h (la blague), je me fixe un objectif de 36h et au pire 44h ce n’est pas la fin du monde !

Particularité cette année, l’organisation met à disposition 2 sacs d’allègement :

  • Le 1er pour Chamonix (vêtements portés juste avant le départ)
  • Le 2ème pour la base de vie de Beaufort au 91ème

L’ambiance sur Courmayeur est d’enfer, c’est très festif et c’est blindé de monde !

Mais au sein des participants je sens une certaine nervosité, une sorte de crispation dans les regards, ça traduit forcement une grosse montée de stress…

Ce trail contient 3 grosses parties (4 grosses bosses):

  • 0-51 km :                         L’échauffement
  • 51km - 90 km :                Technicité dans le dur !
  • 90km - 147km :              Une sérieuse persévérance !

0-51km : Le départ se tient comme chaque année sur les hauteurs de Courmayeur.

La particularité de 2022 c’est de déambuler sur 2 kilomètres dans les rues de la ville.

Il s’agit ensuite d’emprunter une route carrossable très large et pas bien méchante (on évite comme ça les bouchons en début de course) sur 10km avec 1200m D+, vu que c’est très roulant il faut s’efforcer de maintenir une allure la plus rapide possible.

On enchaine sur une descente peu technique sur moins de 3km et 400m D-, puis c’est du plat au cœur de la vallée pour arriver au 1er ravitaillement au Lac de Combal. Au vu du froid et du vent, il ne faut surtout pas s’attarder ici, c’est l’histoire d’une soupe chaude et d’un coca d’autant plus que la forte odeur des groupes électrogènes vous fera déguerpir vitesse grand V.

Je continue à monter direction le Col de Chavanne, une bonne grimpette de 4.5km 600m D+, je fais en sorte de ne pas réduire mon allure, j’atteins le sommet en 4h07 (j’ai 30m de retard sur mes prévisions, rien de grave car avancer de nuit est toujours plus difficile).

Maintenant place à la descente !

C’est parti pour 10km et 800m D- c’est très doux très roulant un terrain de jeu idéal pour aller vite et gagner des points de vitesse !

Je suis en bas en moins de 60 minutes et j’aborde déjà l’ascension du Col du Petit Saint Bernard, 500m D+ sur 7km cette portion est rude !

J’arrive en haut après 7h de course et le jour se lève !

Je dois maintenant redescendre les 14 kilomètres et les 1300m D- qui me sépare du ravito de Bourg Saint Maurice.

Tous les voyants sont au vert, le chemin est roulant, il fait jour et un temps agréable et je suis OK sur le plan physique !

Il est 8h46 du matin et j’entre enfin dans le gymnase de Bourg St Maurice, le 1er tiers est maintenant derrière moi !

Malgré une nuit qui se termine sans accros, je me sens quand même fatigué.

Je me pose sur un banc histoire de souffler et manger un peu.

Je pense que je dois dans le premier tiers, certes je suis en retard sur mes prévisions, mais la barrière horaire est à 11h donc tout va bien.

51km - 91km :

J’appréhende cette 2ème partie car elle emprunte une partie du tracé de l’Ultra trail du Beaufortain et c’est du costaud !

5 cols à franchir :

  • Col de la Forclaz (2400m)
  • Passeur du Parlognan (2600m)
  • Col de la Sauce (2300m)
  • Col de la Gittaz (2400m)
  • Pas d’Outray (2200m)

Le profil peut paraitre est intimidant car 13 kilomètres pour 1600m D+ ce n’est pas rien !

Pour atteindre le Col de Forclaz il faut passer par le Plateau de Forclaz environ 7 km et 1100m D+.

Pendant la montée je ne ressens pas trop la chaleur car c’est très arboré, mais la végétation va disparaitre progressivement (vers 1500m) pour laisser place à un soleil radieux et je m’éloigne de Bourg St Maurice qui parait tellement loin !

Après un bon nombre de kilomètres, il est déjà 10h30, on doit frôler les 30°, portion assez difficile car ça monte sévère mais on aura la chance de profiter du ravito pirate (1900m) la canette de soda est à 5€ et la gérante de ce troquet prend la CB (apparemment c’est toléré par l’organisation).

Ce ravito fait polémique, à mon avis c’est très rentable J.

Après une pause Coca bien méritée je reprends la route pour le Col de la Forclaz (2400m) et une chèvre débile qui n’arrête pas de beugler se greffe à notre groupe sur des kilomètres, j’arrive en haut à 12h30 !

J’ai exactement 1 heure de retard sur ma prévision, mais je me sens bien physiquement malgré les 3h de montée en plein cagnard. 

Ensuite, je dois rejoindre la vallée en contrebas (-200m D-) en empruntant un chemin très technique (je recommande de vous aider de vos mains par moment).

Une fois en bas, je prends une gifle de dénivelé positif genre ≈3km pour 350m D+ pour atteindre le fameux (Passeur du Pralognan) à 2600m d’altitude, lieu de l’incident de 2021.

Mais, j’avoue que voir les gars en face atteindre le 2ème col pendant que tu es encore en train de descendre c’est décourageant de ouf !

J’arrive tout de même en haut à 13h40 le temps de faire des photos car le spot est tout simplement dingue !

Je ne connais que trop bien le prochain ravitaillement pour l’avoir fait 2 fois sur l’UTB (21/22), le ravito de Cormet de Roseland au 68ème.

Le début de descente est très technique et franchement « casse gueule », il y a de nombreux lacets serrés il est préférable d’utiliser les chaines et les cordes à disposition pour éviter de finir en bas trop vite. Pour atteindre le prochain ravito il faut compter environ 600m D- sur 5 km.

Une fois passé la portion délicate, la suite est un pur bonheur, descente dans la vallée sur un chemin très accessible, la fin est très roulante c’est du plat sur 2 km avec pas mal de monde et donc plein d’encouragements !

Ça fait du bien de voir du monde après toutes les épreuves passées J.

Je m’octroie 40 minutes de pause avant de repartir.

Vu que je suis solo, je prends le temps de discuter avec un bénévole qui m’apprend le décès d’un coureur sur la PTL…et par la même occasion m’explique les causes de l’incident survenu l’année dernière sur la TDS.

Go Go Go !!

C’est reparti pour le 3ème sommet direction le Col de la Sauce (2300m), il faut compter 3km et 300m D+ la montée est courte vraiment pas bien méchante, ensuite descente sur 6 km et 700m D- peu technique et c’est l’occasion de prendre de la vitesse mais attention quand même à la pierraille lors du changement de versant.

Je rejoins en moins de 40 minutes le ravito de la Gittaz au 75ème, je pense n’avoir jamais couru aussi vite dans une descente !

Je m’allonge dans l’herbe je ferme les yeux pendant 20 minutes histoire de reprendre des forces.

Les 16 prochains kilomètres je les connais très bien aussi, c’est une montée interminable en 2 parties,

5km 700m D+ c’est épuisant mais le paysage est à couper le souffle et y a plein de vaches !

Le plateau annonce la mi-parcours, puis c’est un enchainement de faux plats montants/descendants sur 4 km et le tout s’achève par un dernier tape cul de 150m D+ appelé le Pas d’Outray (2200m).

Avant de redescendre sur Beaufort (base de vie du 91ème), chaque coureur fait son arrêt, le cul dans l’herbe à mater le panorama à 360°.

Je suis à 19h de course, je suis épuisé, mon allure de course baisse fortement mais je sais que la base de vie est à moins de 7 kilomètres et ça me rassure !

J’ai conscience aussi qu’il y aura beaucoup de casse !

Ce qui me tracasse c’est de voir défiler les % de batterie de ma montre, il me reste moins de 4%…j’espère qu’elle ne s’éteindra pas en chemin !

La dernière descente représente 7km et 1400m D-, malgré mes quadri bien entamés je décide d’accélérer pour réduire mon retard, j’arrive en bas en 1h30 très correct vu mon état de fatigue !

Au lieu d’arriver à 20h, j’y serai à 22h.

Tout va bien, la barrière horaire est à 3h du matin.

Je me pose sur une chaise j’ai le regard vide, je suis tout raplapla, plus une once d’énergie …et moralement moyen moyen.

Ma montre m’indique 1% de batterie, je m’empresse de la recharger.

J’ai la chance d’avoir ma femme en visio qui me félicite d’être arrivé jusqu’ici et m’encourage pour la suite.

Etant donné que je n’ai pas d’assistance tout au long de la course et vu que je suis fumé comme un saumon PIRE comme un hareng, j’essaie de rester motivé pour éviter de fleureter avec l’idée d’un éventuel abandon.

Bon, je réagis et je décide me changer, j’enfile des vêtements propres et je me dirige vers les lits de camps à l’arrière salle du gymnase.

Et c’est parti pour 40 minutes de repos, les yeux fermés caché sous un plaid de fortune.

Au milieu de ce brouhaha continu je sens que mon corps récupère tout doucement mais cela ne m’empêche pas de souffrir terriblement, la douleur de mon genou droit est insupportable…Malgré mon incapacité à dormir je me satisfaisais néanmoins de cette brève interruption et à ce niveau de fatigue c’est un luxe de pouvoir rester en position immobile dans un endroit au chaud un moment.

Et en plus, j’ai mon Pago fraise !

Le temps passe trop vite mais c’est le moment de me bouger le cul et de laisser ma place à un autre coureur qui est surement dans la même détresse que je ne l’ai été !

Avant de céder ma place, j’en profite pour me masser les jambes à l’arnica, ça permettra que cela agisse pendant que je mange.

Je réunis mes affaires puis je me pose sur une table.

J’ai pour objectif de partir pour 00h15 ! Pause de 2h15 (je sais que c’est très long !)

Sur les conseils d’un coureur sur l’UTB j’ai ramené ma boite de thon Saupiquet pour casser la routine des ravitos, j’en profite pour taxer une cuillère à mon voisin de table (en tout cas excellente idée, 165g largement suffisant (à refaire).

Après un festin grandement mené, j’enfile ma tenue de nuit et je prépare mon sac pour les 60 prochains kilomètres et les 15 prochaines heures de course.

91km - 147km :

La 3ème partie est très simple et ne nécessite que de la volonté et un brin de patiente !

J’ai la chance d’avoir des conditions climatiques vraiment favorables, il fait nuit noire mais je fais tomber ma veste en moins de 10 minutes.

Je forme une petite équipe avec un Français (finisher du Tor des géants/PTL un gros client) et 2 anglais pour atteindre le ravitaillement de Hauteluce, il faut compter environ 7 km pour 400m D+ sentier gras on passe notre temps à couper des routes goudronnées, une formalité !

Malgré l’abandon des anglais on arrive sur place histoire de prendre une soupe chaude et de repartir.

Anecdote rigolote : La soupe était imbuvable, la salière était surement tombée dedans J.

Toujours accompagné de mon camarade, nous continuons de monter vers le Plateau du Mont Vorès (105ème), environ 7km pour 900m D+, une longue traversée dans les bois, notre allure baisse au fur et à mesure des kilomètres mais on ne lâche rien !

Une fois sur le plateau et après quelques kilomètres de faux plats, je commence à m’endormir…tout en courant, c’est assez perturbant, mes yeux se ferment mais mon corps s’obstine à avancer.

J’ai tellement envie de dormir que je m’allonge au bord du chemin sur un lit de cailloux, l’herbe y est humide, je laisse passer 30 minutes en grelottant sous ma couverture de survie avec un genou dans le mal pendant que mes vêtements prendre l’eau tout en subissant un vent frais et sec…

Je fais en sorte de repartir et de réactiver ce corps froid et engourdi, mais je dois avouer que j’ai beaucoup de mal à me réchauffer !

Après 20 minutes de course j’arrive à reprendre une allure me permettant à la fois de rattraper un grand nombre de participants et d’accéder au ravitaillement du Mont Vorès et de franchir la barre des 30 heures de course.

Je dois maintenant me rendre au Col du Joly c’est 7 kilomètres de faux plats descendants avec une petite cote sur la fin. Cette portion est très roulante mais attention aux nombreux ponts en bois qui sont très glissants. J’arrive au ravitaillement au 112ème kilomètre, il est très facilement identifiable c’est une grande tente blanche à + 2000 mètres d’altitude.

Au vu de cette nuit pas comme les autres, je décide de me caler au fond de la tente au bout d’un banc afin de reprendre des forces, j’en profite pour retirer ma veste car la température y est très agréable, je suis tellement bien qu’à peine la tête posée sur mon sac je pars dans le pays des rêves !

Et le tout s’en m’en rendre compte !!

Mon réveil est tout aussi étonnant, lorsque le coureur à l’opposé du banc se lève pour partir, je me retrouve à la verticale et ça me réveil direct, je regarde ma montre et je vois que j’ai dormi profondément pendant 1 heure complète !!

Et c’est bien la 1ère fois que cela m’arrive, mon corps a dû atteindre ses limites !

Ma montre m’indique 32h de course, c’est quand même dingue d’y voir afficher autant d’heures !

Bon à part ça, il fait soleil et il est 7h du matin, je fais tomber la tenue de nuit et je passe en short/T-shirt manche courte et c’est parti pour une bonne grosse descente (9 km pour 900m D-), une belle façon de me réveiller malgré mes jambes lourdes, la descente est plutôt agréable attention quand même aux racines et aux pierres, j’arrive aux Contamines en 1h14 assez rapidement finalement sous les encouragements de nombreux passants.

C’est le gros ravitaillement du 121ème kilomètre, les bénévoles sont très accueillants, disponibles et les étales sont pleines, c’est du grand luxe !

On nous annonce de fortes chaleurs et aucun point d’eau sur les 2 prochains cols.

Il me faut 30 minutes de pause pour repartir surmotivé, il ne me reste que deux pauvres cols !

Je suis à bloc et je sais que j’ai l’énergie pour faire un beau finish !

Je me fixe donc une allure rapide jusqu’à la ligne d’arrivée.

Je vais jusqu’à dépasser de nombreux coureurs sur l’ascension du Chalet du Truc, 600m D+ sur 5km, c’est un chemin carrossable très large sans difficulté (identique à celui du début de course).

Arrivé à environ 1700 mètres d’altitude, c’est le moment de redescendre et j’aperçois très nettement la toute dernière ascension, le Col du Tricot redouté par un bien grand nombre et je ne comprends vraiment pas pourquoi !

Je passe devant le panneau indiquant : Col du Tricot 2h15 (2200m)

Je me fixe 1 heure grand max pour finalement arriver en 45m sous le cagnard !

Ensuite c’est 400m D- sur 3 km sentier plutôt technique attention aux chevilles mais j’arrive vite au Ravito De Bellevue (140ème), le spot est dingue, je suis au pied du Dôme du Goûter (3ème plus haut sommet des Alpes françaises) une gigantesque montagneuse enneigée.

C’est déjà l’heure de déjeuner et vu que les bénévoles sont trop sympas, je négocie une merguez, du pain, un coca et je repars pleine balle !

Je descends sans tarder sur les Houches, 5km 700m D-, j’ai la chance d’être encourager sur le chemin par quelques passants ce qui fait du bien au moral et j’ai même ma femme au téléphone !

J’arrive ENFIN au dernier ravitaillement des Houches en moins de 38h, je marque un arrêt symbolique histoire de prendre un Coca !

La fin est toute proche….

7 kilomètres de plat en forêt à longer la rivière de l’Arve des Houches à Chamonix.

Je me force à courir non-stop pour essayer d’être sous la barre des 39h, le chemin est roulant ombragé toutes les conditions sont réunies pour me faciliter la vie !

PUIS…Il m’a fallu parcourir 147 kilomètres pour tomber enfin sur une tête familière, mon pote Sacha qui m’attend téléphone à la main en mode vidéo, je suis tellement content de le voir que je le sers dans les bras, heureux d’avoir enfin mon accompagnant fictif à mes côtés.

On repart ensemble, je me force à courir sous les applaudissements des passants qui sont de plus en plus nombreux. J’arrive assez vite dans la ville de Chamonix mais les derniers kilomètres paressent interminables mais je me délecte de la pluie d’encouragements des gens !

Et le moment tant attendu est arrivé, la traversée des 50 derniers mètres, tu as tellement l’impression d’être une star…c’est vraiment un moment à part !!

Et, je termine avec un gros YES de fin reprit par le speaker en mentionnant mon nom !!

Fier d’être arrivé au bout de cette TDS 2022 en 39h04, 682ème / 1774 finishers (dont 702 abandons).

Course difficile et très exigeante !

Elle nécessite une grosse préparation et une forte volonté !!

D’après l’organisation le taux d’abandons cette année est très élevé :

« Le retour d’expérience des participants a souvent été unanime pour dire que dans l’UTMB, la TDS était la plus difficile des courses, et c’était souvent celle-ci qui était comparée au GRP ou à la diagonale des fous. Ce n’est probablement pas par hasard. »

UTMB en 2023 !!!

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