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Mes courses

52. ULTRA TRAIL HAUT GIFFRES - UTLAC 2023

16 Juin 2023 , Rédigé par Pascal HOUVET Publié dans #Ultra Trail

Mon histoire commence par :

J-5 : Lombalgie

J-4 : rendez-vous chez un médecin du sport puis chez mon kiné

J- 3 : Exercices/étirements + rdv chez l’ostéopathe

J-2 : Rebelote chez le Kiné

Cocktail médicamenteux en parallèle : Valium + décontractant musculaire + anti-inflammatoire

Je dois bien avouer que partir dans ces conditions n’est guère rassurant, mais le protocole adopté me permet de me rétablir à 90% pour le jour J.

J’emprunterai le proverbe de Balzac "Un bon conseil vaut un œil dans la main" !

Prenez cet ultra trail très au sérieux, il est adapté aux traileurs confirmés !

Il est long, technique, montagneux et s’arpente avec une bonne connaissance du terrain.

Ne soyez pas trop confiant, n’ayez pas la certitude de pouvoir la terminer sans souffrance.

Quelques chiffres : 250 participants pour 35% d’abandons.

Le départ est lancé du centre-ville de Samoëns le vendredi 16 juin 2023 à 19h.

Je me suis engagé sur une longue boucle de 130 kilomètres et 9150m D+/D-.

Comme je l’indique un peu plus haut la technicité du parcours ne laisse aucune chance à l’improvisation.

On peut trouver étonnant d’avoir 2 bases de vie pour une distance aussi courte, mais il faut compter quand même 2 nuits pour plus de 70% des coureurs (un bon coureur partira sur - 30h).

Ce Trail est composé de 3 grosses parties :

0 - 45 km :          Du dénivelé sévère !

45 - 78 km :       De la neige, de la chaleur…

78 - 130 km       De la résistance, du mental et de la persévérance !

0-45 km : On commence par faire le tour de Samoëns dans une ambiance de dingue c’est très festif toutes les rues sont bondées, on se croirait à Chamonix sous une pluie d’encouragements !

Les 12 premiers kilomètres sont très roulants, du bois, de la route et un chemin forestier.

Méfiez-vous tout de même de la 1ère barrière horaire, essayez de prendre un maximum d’avance !

On prendra vite de la hauteur (10km pour 1000m D+) ce qui nous laisse découvrir un spot incroyable sur les massifs montagneux environnants.

A noter que les 2 premiers cols sont très accessibles, j’avance à une allure tout à fait respectable (≈ 5.5km/h) à flanc de montagne pour atteindre les 1800 mètres d’altitude pour ensuite redescendre sur le 1er ravito près du lac de Joux Plane.

Tout est OK, j’ai plus d’une heure d’avance sur mes prévisions.

Malgré une ambiance digne de la fête de la musique, ne perdez pas votre temps ici prenez un Coca et repartez aussitôt !

Après avoir contourné le lac, on enchaine sur l’ascension de la Pointe d’Angolon pour atteindre 2072 m d’altitude, prévoir 500D+ sur 4km.

A mi-parcours la nuit commence à tomber et le chemin devient plus raide, j’aborde assez rapidement les crêtes pour atteindre le somment équipé de ma frontale.

Le point de contrôle passé, c’est 7 kilomètres de descente plutôt technique et très casse gueule !

Le monotracé est assez difficile à repérer car l’herbe est haute et il fait nuit, cette descente est délicate car c’est très est abrupt, le terrain est gras et le sol est glissant.

Une fois cette difficulté passée, j’arrive au ravitaillement du 24ème sur les coups de minuit, c’est l’occasion de prendre une soupe chaude et de repartir rapidement.

Ensuite, c’est deux gros morceaux, une partie interminable…

Partie 1 : 770 M D+ / 8.5km

Partie 2 : 780 M D+ / 12.5 km

Je suis très surpris de voir de nombreux traileurs dormir à 5h de course, généralement c’est plutôt vers 15h ou plus… Mais au fur et à mesure de ma laborieuse ascension, je comprends qu’il s’agit d’une excellente stratégie à adopter pour mes prochaines courses.

De la pure anticipation, "Breaker" pour être opérationnel pour le Col Bostan (1920m) et la Combe aux Puaires (2275m), soit un cumul de 2200 mD+ sur 13km !!!

Pour tenir mes prévisions ce course, je continue de maintenir un rythme soutenu mais je ne me suis pas rendu compte que j’étais déjà épuisé depuis un bon moment (c’est la raison de cette douloureuse ascension). J’atteins le somment à 1h du matin et c’est déjà le moment de redescendre pour 4km 600m D-, il faut 200m D+ pour atteindre le 3ème ravitaillement (très appréciable).

Un bénévole maintient un feu de camps mais le froid s’installe très vite et mon corps commence à trembler en moins de 5 minutes (conseil : couvrez-vous).

Ensuite, direction le Col du Bostan 5km 700m D+, aucune chance de se perdre, il suffit de suivre les nombreuses loupiottes devant nous. J’arrive au somment à 3h20 du matin !

Du 23ème au 38ème c’est réellement la partie la plus difficile de cette épreuve !

Maintenant, place à une longue descente de 1300m D- sur 9km !

Récompense : Accès à la 1ère base de vie au 45ème au Crêt !

Il est 5h du matin, il fait jour, je suis hyper large sur la BH (+4h) mais super entamé physiquement !

Je demande à l’organisation un lit de camps pour dormir 30 minutes, mais malheureusement cette base de vie est toute pourrie c’est un pauvre chapiteau ouvert et il n’y pas de couverture, ni de plaid RIEN, QUE DALLE……je m’allonge quand même en grelottant, c’est super désagréable ce qui va finalement raccourcir fortement mon temps d’arrêt, assez rageant !

En tout cas, il faut oublier le gymnase chauffé, 1ère partie terminée.

 

45-78 km : Le profil parait moins violent que la partie précédente, mais enchainer 8km et 1300m D+ après un repos partiel, ça reste quand même costaud !

L’objectif principal : Arriver au sommet de la Combe aux Puaires (2275m)

Objectif secondaire : Passer le Col des Praz de Commune (1668m)

Je dois bien avouer que l’accumulation du dénivelé positif me jouera un drôle de tour…

Le tracé quant à lui est plutôt large et pierreux, ombragé au début et neigeux en hauteur.

Les 11 heures de course ont eu raison de mon état de fatigue, je comprends assez vite que j’ai trop poussé car atteindre le sommet en 3 heures c’est tout simplement anormal….

Sur la fin, je n’arrive quasiment plus à avancer, mon cœur bat un rythme anormalement élevé (≈180 bpm) et j’ai beaucoup de mal à respirer correctement.

J’avais déjà ressenti la même sensation sur Beaufortain en 2021…

Vu mon état actuel, je dois faire appel aux secours, je ne vois pas d’autre alternative, le danger est réel !

Et déjà 14h de course et j’arrive enfin en haut !

Je traverse un plateau enneigé sur plusieurs kilomètres, ma montre m’indique qu’il est déjà 8h du matin et le soleil est déjà menaçant…

Fortement diminué, je me force à m’allonger sur un gros rocher 200 mètres plus loin, j’utilise mon sac à dos comme cousin et je textote ma femme sur ma situation, j’ai à peine le temps de poser mon téléphone et de croiser les bras que mon corps me lâche sans que je puisse m’en rendre compte !

Je me réveille 1h30 plus tard !

C’est à ce moment-là que je comprends cette fameuse gestion anticipée du dodo, 5000m D+ sans gros arrêt pendant 14h de course mon corps n’a tout simplement pas supporté.

Inconsciemment, j’étais déjà bien au-delà de mes limites, c’est une bonne leçon pour mes prochaines courses.

Il est très important d’écouter son corps afin d’en traduire les signaux, mais, être en mesure d’anticiper d’éventuelle(s) défaillance(s) technique(s) c’est un tout autre registre !

Il est 9h30 du matin.

A mon réveil, je me sens apaisé et extrêmement détendu, je suis d’attaque pour la suite !

Il me reste à peine 500 mètres de montée pour enfin entamer la très longue descente pour rejoindre le Pelly (65ème).

Il faut compter ≈2 km de descente dans la neige et 300m D- pour arriver au ravito du Refuge de Vogealle (56ème km) l’occasion de prendre un coca et de repartir.

Conseil : Glisser sur les fesses (+ rapide et - casse gueule).

Ensuite, c’est parti pour 10 km de descente et 1000m D-.

C’est un sentier de randonnée (très emprunté par les promeneurs), il est verdoyant, très agréable et peu technique. Le spot du Cirque du Fer à Cheval est tout simplement grandiose !

J’arrive au ravitaillement du Pelly accompagné de ma femme et sous les encouragements du speaker, il est 12h, j’ai 4h d’avance sur la barrière horaire, tout va bien !

Je suis enfin arrivé à la moitié du parcours !!

J’ai la chance d’être en plein cœur du cirque du Fer à Cheval et il est encore plus impressionnant vu d’en bas !

Ici, l’ambiance est festive, mais à notre gout, beaucoup trop bruyante, on préfère s’éloigner au calme au camping du Pelly, c’est l’occasion de prendre une douche, de manger et de me reposer en mode transat ! Une pause de 50 minutes.

Ma femme quant à elle gère mes affaires et m’apporte à manger et à boire !

Ce qui est rassurant pour la suite, c’est que le prochain ravitaillement est une base de vie et qu’elle se situe à peine à 12 km pour 770m D+.

13h, c’est le moment de repartir !

Je me fixe un objectif de temps de 3 heures pour atteindre la base de vie de Sixt fer à Cheval, cela me permettra de faire un bon break pour la 2ème nuit.

Cette partie est la plus facile, pente pas trop raide, ça serpente sur 5km, c’est ombragé et la descente n’est pas trop casse patte, peu d’effort à fournir sur 8 km.

Psychologiquement, arriver au 78ème kilomètre à cette 2ème base de vie, je me dis que le pire est derrière moi !

J’arrive au gymnase de Sixt Fer à Cheval à 15h, j’ai 30 minutes d’avance sur ma prévision, c’est plutôt cool !

Ma femme me fait m’arrêter 2h, histoire de me reposer un maximum avant de me lancer sur la dernière partie -> 52 km et 3300m D+.

J’en profite pour me changer, qui dit 2ème base de vie = 2ème sac d’allègement !

Je pense que de nombreux coureurs n’auront pas la force de repartir pour 15h de course….

J’avoue qu’on a quasi 6000m D+ dans les gambettes…….

Même s’il faut bien le reconnaitre, les BH sont vraiment très larges.

La BH est à 20h.

Je repars à 17h requinqué grâce à ma boite de thon Saupiquet aux lentilles !

J’ai pu me faire masser et je n’ai pas l’impression de jambes lourdes, tout est OK !!

Conseil :  ICI, c’est le meilleur endroit pour faire le point avec soi-même !

Vu la météo, pas besoin de vêtement de pluie mais prenez des vêtements chauds car le delta 32° jour et 10° nuit ça pourrait poser problème.

78- 130 km : Il faut avoir en tête qu’il ne reste que 3 cols à franchir !

1er :       Refuge de Grenairon (1944 m)

2ème :     Le petit col d’Anterne (2038 m)

3ème :     Tête de pelouse (2349 m)

Pour le 1er, on part de la vallée à 800 m d’altitude pour arriver au sommet à quasi 2000 mètres, soit 1200 m D+ sur 7km, sur le papier il parait difficile, mais il se fait sans trop de difficulté, pas mal de bois donc attention aux racines.

Je prends vite de la hauteur ce qui me permet de découvrir un panorama exceptionnel sur de nombreux massifs enneigés et cerise sur le gâteau d’apprécier un coucher de soleil extraordinaire, le soleil est comme flouté à travers les nuages au-dessus de la vallée.

Un gros tas de pierres et de nombreux fanions m’indiquent que je suis arrivé au sommet !

Ravito liquide, les bénévoles me servent un coca, je sors ma frontale et je repars aussitôt.

Puis, j’entame une descente de nuit sur ≈6 km et 800m D-.

Pour profiter du 7ème ravitaillement (complet), je dois encore monter 400 m D+ sur 4km, rien de bien méchant, j’y accède à 22h15.

Pour info, ce ravito est un chapiteau avec des transats, franchement sympa, mais le froid s’installe carrément trop vite, une soupe un coca et c’est reparti !

Pour atteindre Le Petit Col d’Anterne, il me reste 700mD+ pour 6km, aucune difficulté, chemin forestier assez large prévoir beaucoup de pierrailles.

J’arrive assez vite au sommet, je redescends aussitôt sur un point d’eau (Le Refuge d’Alfred Willis) au 102ème kilomètre, il est tenu par un bénévole dans la vallée.

A part nous demander de ne pas faire de bruit pour éviter de réveiller les campeurs, il ne sert pas à grand-chose !

Ensuite, c’est 3 km de plat puis une descente assez technique, prévoir beaucoup de caillasse, il sera très difficile de prendre de la vitesse sur cette portion (4km/400m D-)

A 30h de course, j’arrive au point le plus bas (la Cascade de la Sauffaz) au 107ème kilomètre, je prends à gauche et je remonte le cours d’eau.

J’ai en tête qu’il ne me reste plus qu’une dernière ascension avant de redescendre sur Samoëns.

Pour atteindre la Tête de pelouse (2349 m) c’est 1000 m D+ sur 7 km !

Cette partie est raide, ça pique !! (c’est + ou - la même configuration que le Col du Bostan, mais avec 30 heures dans les pattes c’est plus le même délire !

Il est déjà 1 h du matin, il fait nuit noire, je n’arrive quasiment pas à discerner ce qui m’entoure j’ai juste en bruit de fond les nombreuses chutes d’eau.

J’en profite pour me faire un compagnon de galère (dossard 179 Anthony Mosler).

Malgré cette montée qui me parait interminable j’avance à mon rythme, un mélange entre l’escargot la tortue et une limace…Le plus important c’est de ne pas s’arrêter !

Mais plus le temps passe, plus j’ai envie de dormir…

Le vent souffle fort dans cette vallée et le froid l’intensifie…

Après 3 kilomètres d’effort et 400m D+ j’arrive au point de contrôle de Sales (1870m) pour comprendre qu’au final on fait un grand S, la montée est en 3 étapes, il m’en reste encore 2 !

La 2ème partie consiste à traverser des herbes hautes et de gros rochers, compter 3 km et 300m D+ ce qui permet d’accéder à la 3ème partie, le très long plateau enneigé.

J’y accède au bout de 2h30 de marche à cette fameuse plaine fortement enneigée, l’aube est de sortie, il est déjà presque 4h du matin !!

Il fait froid, c’est casse gueule et ça monte grave, et j’en ai plein de cul de cette course…Mais le palmarès de mon compagnon me redonne des force, finisher du Tor des géants ®/Glacier, SwissPeaks, Diagonales des fous, Echappée belle…).

Je me dis que si ce gars est dans la souffrance tout comme moi, c’est que nous avons à peu près le même niveau et que me prochains challenges seront finalement réalisables 😉 !!!

On arrive ensemble au dernier sommet au 116ème kilomètre à 2349 m d’altitude, il est 4h30 du matin. Le ciel est dégagé et laisse une vue panoramique exceptionnelle sur les nombreux massifs dont celui du Mont-Blanc.

On tape rapidement la discute avec un photographe professionnel, mais le froid et le vent nous fait déguerpir à vitesse grand V, c’est le moment de descendre sur Samoëns !!

J’abandonne finalement mon pote qui est cuit et c’est parti pour 15 kilomètres de descente et 1600m D-.

Prévoir 4 km très glissant dans la neige, j’y vais moins vite que d’habitude car mes quadris commencent à montrer de gros signes de faiblesse puis c’est de la caillasse jusqu’au ravito du lac de Gers (117ème).

Je prends une soupe aux vermicelles et je repars aussitôt.

Ensuite, je traverse les bois pour accéder à la route, je n’arrive plus à courir correctement et pourtant j’ai pour habitude de finir pleine balle bah là, c’est bien la 1ère fois que je regarde derrière moi !!

Après un final autour du Lac de Samoëns, je suis fier de franchir cette ligne d’arrivée en 37h10.

133ème sur 159 finishers dont (91 abandons).

KDO : Une jolie médaille et deux bières !

Au final, une course hyper exigeante et qui tombe à pic vu l’échappée belle qui arrive sur le mois d’aout.

Je prends conscience que mon niveau est encore trop moyen en montagne et qu’il me faut un entrainement complémentaire pour aborder les 11 600m D+ qui m’attendent !

Et malgré une bonne maitrise des descentes, mes quadri ne sont pas assez résistants !

Mais la bonne nouvelle, c’est que le renforcement de mon quadri droit m’a permis de ne pas avoir de douleur au ménisque !

Ce trail est de loin la plus belle course que j’ai pu faire, le cadre est exceptionnel !!

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