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Mes courses

43. ULTRA TRAIL BEAUFORTAIN 2021

17 Juillet 2021 , Rédigé par Pascal HOUVET Publié dans #Ultra Trail

 

19 mois d’inactivité à cause du Covid…

19 mois de frustration…

19 mois sans aucune motivation…

19 mois sans raison de s’entrainer ou bien de se préparer....

                             ---------------------

Mais la TDS 2021 est finalement maintenue fin aout, voyons les choses en face, je n’ai pas l’entrainement adéquat pour espérer la terminer !

On peut se dire que s’y pointer à l’arrache c’est surement de la folie !

Pas le choix, je dois vite trouver une solution afin de ma jauger.

Après une négociation finement menée, je suis arrivé à me dégoter un pass pour l’ultra tour du Beaufortain, grosse course en montagne près d’Albertville, 107 kilomètres et 6800 D+ sur juillet.

Objectif : Créer un électro choc afin de me remettre en selle ultra rapidement, identifier mes faiblesses afin de les corriger le mois suivant.

J’avoue que c’est un peu suicidaire de se lancer sur ce type de course sans entrainement, mais au moins je reste fidèle à moi-même !

Et oui, j’ai surement grillé quelques étapes et minimisé la tâche à accomplir, mais en tout cas, je serai très vite fixé sur mes capacités, rien de tel qu’un test grandeur nature J.

La spécificité de cette épreuve c’est de courir 80% du temps entre 2000 et 2600 mètre d’altitude.

Le taux de finishers est de 50%.

Quelques chiffres :          500 coureurs          107 km

 6800m D+                9 barrières horaires

 10 ravitos                  Durée maximale : 28.5h

 Bâtons autorisés

Au vu du contexte très particulier lié au covid et le peu de courses maintenues sur 2021, l’organisation est restée très prudente en nous offrant des masques à l’effigie de la course.

Il sera obligatoire sur chaque ravitaillement.

Le départ de la course est lancé de la ville de Queige samedi 17 juillet (le lendemain de l’anniversaire de ma femme), l’objectif est de venir à bout d’une grande boucle aérienne.

Je préfère préciser que ce trail nécessite une préparation sérieuse car le dénivelé est conséquent et les 2 premières barrières horaires sont très serrées.

J’ai identifié 4,5 parties :

0 - 13km : Accès au terrain de jeu

13km - 32 km : Promenade

32- 49 km : Périple n°1

49km- 66km : Périple n°2

66km- 107km : Fin de périple

 

0-13 km : La première portion parait un peu irréaliste, mais on se méprend en croyant que c’est la partie la plus compliquée, oui, en effet, il y a 1 900 m D+ sur 13km mais, il faut voir cela comme une remontée mécanique pédestre permettant d’accéder à notre terrain de jeu, tout comme un skieur qui souhaite accéder en haut des pistes.

Le départ de la course sera lancé à 4h du matin de nuit, on fera vite tomber la frontale, il faut compter environ 1h30 pour apercevoir les premiers rayons du soleil.

C’est une partie très accessible, agréable et sans difficile notable.

On prend vite de la hauteur à travers les bois (vraiment rien de technique) attention néanmoins à ne pas vouloir aller trop vite (on se prend vite au jeu) et la course est longue !

La température en ce début de course est idéale, on atteint assez vite le 1er ravito (liquide) au 10ème km pas la peine de s’y arrêter il n’a aucun intérêt !

On commence à apercevoir de petits névés sur la 2ème partie de la montée, j’arrive en haut à 2300 m d’altitude et j’ai 1h20 d’avance sur le temps de passage du dernier participant, donc tout va bien !

Après l’effort, le réconfort !

Je me lance sur une descente bien raide (400 mD-) et comme à mon habitude je m’éclate et je dépasse !!

3 kilomètres plus loin, on change de versant laissant l’adret pour l’ubac passant par la même occasion d’une herbe verte à de la méchante caillasse, on accède ensuite à une portion délicate, il n’y a pas de chemin à proprement parlé, il faut juste essayer d’avancer à travers les très gros rochers et les buissons touffus épineux (attention à ne pas tomber, ma cheville droite a vrillé 2 fois…).

Après une pente raide, courte, mais éprouvante, j’accède au checkpoint du 13ème kilomètre accueilli par 2 bénévoles qui relèvent mon temps de passage et je profite en même temps d’une vue imprenable sur le Mont-Blanc !

 

13-32 km : Du 13ème au 23ème kilomètre, monotracé très agréable c’est une succession de montées et de descentes avec peu de dénivelé, le terrain est sec à souhait, cette portion est très verte, on avance au milieu des montagnes avec le Mont Blanc comme toile de fond, je crois qu’il y a pire comme paysage !

Après une partie de ping-pong entre les différents versants, j’arrive au 2ème ravitaillement (complet) du 25ème km.

Je suis accueilli par une bénévole pleine d’entrain et très rigolote qui relève mon temps de passage, je suis à 5h de course et je n’ai que 30 minutes d’avance sur la barrière horaire, ce qui n’est pas grand-chose et pourtant j’ai carburé !

J’en profite pour faire une pause de 15 minutes pour grignoter, boire profiter du spot qui est tout simplement dingue, le ciel est tellement bleu…

Après quelques blagues avec les bénévoles, je reprends la route direction le ravito du Lac des Fées, qu’on aperçoit au loin, c’est une sorte de tente blanche à 8 bornes environ, bah on n’est pas arrivé !!

Ensuite, j’entame une descente sur 5 kilomètres, c’est un enchaînement de lacets à travers les pins (très entrainant) et cela me permet de courir à vive allure accédant ainsi à ce fameux lac à la couleur émeraude.

Après l’avoir contourné, il me suffit juste de le traverser par une jolie passerelle prévue à cet effet.

S’enchaine 3.5km et 300mD+ sur chemin de terre et j’ai même la chance d’être interviewé sur le parcours, j’arrive ensuite au 3ème ravitaillement au 32ème kilomètre.

Après +6h de course, j’ai bien mérité de faire une pause !

Je prends de quoi manger sous le chapiteau et je vais m’asseoir un peu plus loin en attendant ma femme qui n’arrivera finalement jamais…Dommage, c’est un très beau spot !

Malgré mes pompes pleines de boue, je suis très content d’être arrivé là sans encombre et sans douleur, pour une reprise c’est plutôt propre !

 

32 km - 49 km : Les choses sérieuses commencent !

Je prends très vite de la hauteur et le lac des fées me parait tellement loin…Il est tout juste distinguable.

Le prochain checkpoint est situé à environ 4 km et 500M D+ à travers de grandes vallées ralliées par des crêtes.

Versant après versant… j’arrive enfin à atteindre le point le plus haut à ≈2400 mètres puis j’emprunte un chemin descendant sur 2 kilomètres afin d’accéder au Lac d’Amour.

Arrivé sur place, le décor est plus hostile, l’herbe et la roche font place à la neige entourant par la même occasion ce lac et la grisailles s’invite !

Une fois le lac derrière moi, j’entame une portion plus technique et très raide sur 3km avec 400d+, c’est à la fois un mélange de neige de brouillard de vent de caillasse et de boue, on passe le cap des 2500m d’altitude et la température chute brutalement.

J’arrive au 40ème kilomètre sur un col rocailleux et difficile d’accès, un bénévole nous attend pour nous pointer, le vent souffle encore plus fort ici et il fait hyper froid, malgré le fait que notre champ de vision est limité à quelques mètres j’ai pas envie de m’éterniser ici !

Je descends ensuite grâce aux cordes prévues à cet effet puis il reste une petite montée pour atteindre le ravitaillement n°4 au Refuge du Presset à 2514 m d’altitude.

Comment décrire ce ravito ? Humm…

C’est une sorte de pic nic géant sur la terrasse du refuge, il fait froid mais l’ambiance y est festive, les bénévoles sont en forme !!

Ps : j’apprendrai qu’après mon passage, un coureur a fait une chute d’une dizaine de mètres et qu’un hélicoptère est intervenu pour le secourir.

Après un effort éprouvant et 10 minutes de pause, je me requinque en mangeant du salé et du sucré sans oublier le Coca et l’Orangina !

Puis, c’est reparti pour ≈1 km dans la neige et 160mD+ afin d’atteindre le point le plus haut du trail, le Col du Grand Fond (2671m).

Une fois arrivé en haut, je change de versant et j’entame une descente comme un dingue sur 5 km, très peu technique, c’est un vrai tapis roulant de verdure de 700mD- un pur kif !!

C’est tellement cool que j’ai raté le tracé en continuant tout droit et j’ai fini sur des crêtes escarpées…

Je m’en suis rendu compte en apercevant les autres coureurs 150 mètres plus bas…. lol

Pas le choix, je descends à flanc de montagne une portion très très raide, mais c’est l’éclate totale !!

J’arrive en bas, fin de la 3ème partie au 5ème ravito, 2000 mètre d’altitude, 11h20 de course.

Beau morceau mais exigeant !

 

49ème - 66 : J’ai détesté cette portion !!! Affreux !!!

9 kilomètres interminables (avec 500m D+), au début, c’est un gros chemin forestier histoire de prendre un peu de hauteur (+200m D+) sachant qu’au 52ème j’ai un putain de passage à vide, je pense franchement que c’est le pire de ma carrière de traileur.

Pendant 40 minutes, je n’arrive pas à avancer correctement, à peine 3 pas, plus de souffle et mon cœur s’emballe, fébrilité intense…

Je n’arrive pas à me l’expliquer (en tout cas au début), 11h30 de course c’est tout à fait normal d’être entamé, mais pas de cette façon et pas aussi brutalement, un truc cloche !

Malgré ma détermination, la difficulté est tellement intense que je m’arrête tous les 10 mètres…et mon calvaire va durer sur 3 putains de kilomètres et 3 km en montagne c’est très long !!

J’avance tant bien que mal dans le brouillard sur des crêtes, on passe même dans un tunnel creusé dans la roche (attention à la tête 1.70m de hauteur maxi).

Je traverse ensuite une partie rocailleuse à flanc de montagne du 53ème au 57ème dans un brouillard épais où je discerne à peine mon chemin et j’avoue que le balisage est extrêmement discret voir quasi inexistant.

Après un long moment seul, je rejoins enfin un groupe de coureurs sur un refuge privé au point le plus haut des environs et c’est le moment de la prise de conscience et de l’explication de mon état.

Je suis resté en short et T-shirt manches courtes sans me rendre compte que j’avais attrapé froid et que je n’arrivais plus à m’alimenter depuis un bon moment, incapacité de boire de l’eau ou bien de manger quoi que ce soit et que mes réserves d’énergies étaient fortement entamées.

C’est surement lié au choc de température entre le Lac d’Amour et le Refuge de Presset.

Cela me servira de leçon pour les courses à venir !

Je fais un court break, mais mon corps tremble de froid et de fatigue, j’ai bien conscience que je suis dans un sale état mais le mal est fait et je dois vite réagir !

Je me couvre chaudement de la tête aux pieds (pantalon, T-shirt manche longue, surcouche, veste de pluie, bonnet, gant et moufle) et je repars mais j’ai de gros doutes sur la direction empruntée…

Fallait-il partir sur la gauche où sur la droite ?

J’ai opté pour la gauche sans trop de conviction…après 1.5 km sans âme qui vive, je discerne à travers le brouillard persistant un coureur et je fais mon possible pour le rattraper en espérant que celui-ci n’est pas perdu !

J’arrive finalement avec lui au checkpoint du Col des Sauces (2450m) tenu par un bénévole on l’informe que le balisage laisse vraiment à désirer puis on termine l’ascension ≈ 1.5km.

Ensuite, c’est parti pour une descente de 8 km et 1100 m D-, attention aux chevilles car pierraille omniprésente.

Après 17 h de course, j’arrive enfin au 6ème ravitaillement au 66ème Km.

Je retrouve ma femme et ma belle-sœur et c’est un OUF de soulagement, je suis cuit, on dirait un mort-vivant, je suis tout pâle.

J’explique aux filles la raison de mon état et je me rends compte que je ne m’alimente plus depuis plus de 9h….

Repos nécessaire et on me force à manger et à boire même si mon corps refuse très clairement.

Il est 20h30, j’ai 1h05 d’avance sur la barrière horaire, je me repose 35 minutes pour ensuite repartir.

 

66 km - 107 :

5 kilomètres et 700 mD+.

La montée est longue et assez raide, j’alterne entre chemin de terre et monotracé.

J’arrive en haut à la nuit tombée, il fait un froid de canard et j’avance péniblement à travers un brouillard de plus en plus épais, pour atteindre le point de contrôle du 74ème km (les pauvres bénévoles, poiroter ici, c’est le pire des endroits).

J’arrive au Pas d’Outray où le brouillard qui est tellement dense que le faisceau lumineux de ma lampe frontale me gêne fortement dans ma progression, 2km difficile.

Ensuite, c’est une grosse descente bien raide de 9 km 1000mD- qui me sera fatale.

Je n’ai plus suffisamment d’appui pour descendre correctement, mes quadriceps sont HS et la douleur de mon genoux droit est horrible mais j’arrive quand même à rallier le 7ème ravitaillement.

Vu mon état de fatigue, on m’installe dans un camion sur un lit de camp, TOP !!

Je reste allongé au moins 30 minutes en essayant de fermer les yeux mais c’est impossible au vu de la douleur de mon genoux droit…J’ai horriblement mal, c’est à pleurer….

Je laisse passer encore 20 minutes sachant que je sais qu’il ne me reste que 20 kilomètres donc 15 km de descente, mais malgré mon obstination et mon envie de réussir, je décide de m’arrêter là…  

Après m’être reposé un petit peu, je sors du camion afin de me réchauffer à côté d’un énorme feu de camp en attendant mon retour sur Quiège.

Malgré cette décision frustrante, arrivé au 85ème avec 0 entrainement, ce n’est quand même pas mal ! Je reviendrai en 2022 la finir !!

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