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Mes courses

44. TDS 2021

24 Août 2021 , Rédigé par Pascal HOUVET Publié dans #Ultra Trail

L’ULTRA TRAIL DU MONT BLANC !

Ignorer l’existence de l’évènement le plus attendu de l’année à Chamonix, impossible pour un traileur !

Malgré le fait qu’il s’agisse d’une machine à cash, cette épreuve reste prestigieuse, mondialement connue pour son cadre idyllique ainsi que pour sa difficulté.

Tout le monde souhaite y participer, j’ai déjà tenté l’expérience en 2018 sur la CCC, une longue promenade en montagne de 26h….

J’ai acquis au fil des courses plus d’expérience, ce qui a pour but d’orienter mon choix vers la TDS plus que l’UTMB qui est certes plus longue mais beaucoup moins technique et je me la réserve pour mes 40 ans (2023).

A savoir que fin aout Chamonix est en fête pendant une semaine et la facture sera très salée !

Entre le prix de la course, les péages, le carburant, l’hébergement, la bouffe (y compris les restaurants), le matériel et les extras sur le salon, tu perds forcément un bras, mais il se dégage une vraie magie autour de cet évènement !

Pour en revenir aux épreuves, la TDS est une course redoutée, il s’agit d’un vrai challenge car le taux de finishers tourne autour des 40%.

Généralement, tu réfléchis bien avant de t’inscrire, c’est chose faite avec mon pote Poulpi et le dieu du tirage au sort sera de notre côté.

Inscription : Décembre

Tirage au sort : Janvier

Date de la course : Fin aout

Prix : + 200€

Points nécessaires : 8

Temps maximum : 44h

Au sujet du matériel obligatoire, soyez sérieux et conscients des risques en montagne !

Il y a des contrôles aléatoires avant le départ ou pendant la course (nous avons dû présenter notre matériel 1h avant la course).

Etant donné que l’édition 2020 avait été annulé cause de COVID, cette année 2021 est super importante pour l’ensemble des participants, nous sommes chauds et bien déterminés à finir cette course !

Le grand jour est enfin arrivé !

Le départ de la course sera lancé à 15h, c’est vraiment génial car il y a beaucoup moins de pression donc un bien meilleur dodo, on évitera ainsi un sommeil fragmenté dû au stress du réveil qui ne sonne pas et à l’oubli de matériel.

Situation bien connue sur des départs le soir (22h ou 00h) ou très tôt le matin (3h ou 4h).

Après avoir vérifié plusieurs fois nos sacs, il faut se rendre au point de ralliement au centre-ville de Chamonix, un bus attend les participants direction Courmayeur (Italie) par le tunnel du Mont-Blanc.

Une fois dans le bus avec mon pote, tu cherches une place et tu tapes forcement une bavette avec ton voisin qui est forcément un étranger comme ça tu peux t’exercer en anglais LOL.

Masque et pass sanitaire obligatoire, (mesure bien relou, mais nécessaire au maintien de la course donc on s’y plie sans broncher).

Le départ de la course est retardé de plus d’une heure car nous sommes bloqués dans de gros bouchons et c’est là que je me rends compte que j’ai oublié mes bâtons…145 kilomètres et 9150 m D+…comment je vais faire… (!?!) ...j’en rigole et j’en informe par texto mon pote qui est mort de rire.

Arrivé à destination, tu peux déposer ton sac d’allègement pour la base de vie, plutôt très bien organisé. Ensuite, tu cherches un endroit où te poser avant le départ sachant qu’il y aura plusieurs vagues séparées d’environ 10 minutes. On profite d’une ambiance chaleureuse avec un speaker énergique et la présence du maire de Courmayeur. Le temps est plutôt ensoleillé.

Allez, GO c’est parti pour 40h de course !!

Nous sommes 1600 au départ.

La course est en 3 parties : 0-51km/51-91km/91-145km.

 

0-16 km : On part sur 1200 mD+ sur 10 km.

Sentier très large, on prend vite de la hauteur, on tombe la veste très rapidement, vue imprenable sur le massif et sur les glaciers, ensuite le chemin se rétrécit, on passe sous les télésièges avant d’arriver à l’Arête du Mont Favre.

Une fois arrivé en haut, la descente est assez raide, on arrive assez vite sur un plateau (près du Lac Combal) puis accède au 1er ravitaillement (complet).

Un début de course vraiment agréable sans difficulté majeure.

Ne vous arrêtez pas trop longtemps au ravito, c’est un break de 5/6 minutes, le temps de manger un petit truc de boire et de se s’habiller plus chaudement car le temps est en train de changer, il commence à faire froid et le vent souffle, nous sommes à plus de 2000 mètres d’altitude.

 

16-51 km :  On continue l’ascension cette fois-ci dans la caillasse tout en longeant la vallée (en contrebas sur notre droite) l’allure des participants est relativement soutenue mais je maintiens le cap, j’arrive au col de Chavannes au 19ème kilomètre à 2603 M en 3h40 franchement bon temps et je me sens en pleine forme !

Durant la montée, on y a aperçu un hélicoptère en intervention (surement un blessé), l’impression de hauteur était impressionnante !

La suite est une longue descente de 9 kilomètres (très appréciable), qui me permets de prendre de la vitesse et c’est l’occasion de dépasser une trentaine de coureurs tout en écoutant un peu de musique.

On suit un cours d’eau (en contrebas sur notre droite), après 800 mètres D- nous arrivons au bout de la descente, il commence à pleuvoir.

Une fois le pont traversé, il faudra ensuite monter jusqu’au Col du Petit Saint Bernard comptez 8 kilomètres et 500D+, le ciel s’assombrit et la nuit tombe gentiment, pour le moment et malgré l’absence de bâtons pas trop de fatigue.

Très rapidement s’illumine devant moi le chemin des lucioles sur des kilomètres, on arrive en haut au 36ème pour notre récompense, une très longue descente (15km pour 1400m D-) mon terrain de jeu favori !!

Et là, c’est le drame, je me fais dépasser par un Italien …SERIEUX !? me faire dépasser en descente, c’est quoi ce bordel !!

Et c’est ainsi que le duel commença : 

Massimo MARCONCINI dossard 9159 versus Pascal HOUVET dossard 9424

12 kilomètres de bonheur tout en aisance et en légèreté, hyper fun !

J’arrive assez rapidement au ravito (liquide) du 48ème , j’ai le temps de prendre au moins 2 Coca histoire d’attendre mon challenger J.

On continue de descendre (ensemble) sur 3 kilomètres, on traverse par la route une partie de Bourg Saint Maurice pour enfin s’y arrêter au 51ème pour un ravitaillement complet.

Bourg Saint Maurice est un point important c’est le 1er tiers de la TDS.

Cette 1ère partie est vraiment sympa et très variée, bouclé en 8h (2500 D+/51 km).

Très bonne nouvelle !

Ma femme et mes beaux-parents m’ont rejoint pour me rapporter mes bâtons. Il est déjà minuit, j’essaie de me forcer à manger, car étrangement, je n’ai pas très faim malgré l’effort fourni !

Sinon, ça fait un bien fou d’être entouré sur ce type d’évènement, très important pour le moral de retrouver ses proches (sachant qu’ils ont dû faire 3 heures de route pour me rejoindre).

La 2ème partie sera d’un tout autre registre.

Pour la fatigue, ça va je gère je ne suis pas trop entamé malgré l’absence de bâtons.

Il me faut repartir car je commence avoir froid, mais c’est sous les encouragements de mes proches !

51 - 64 km : Bourg saint Maurice est situé à 800 mètres d’altitude, la suite du programme est de rejoindre le col de la Forclaz à 2300M, si mes calculs sont bons on va se prendre 1500 D+ sur 10 km.

Cette portion est vraiment hard !

J’arrive finalement en haut après de nombreux efforts, mais les choses se compliquent, je n’ai plus d’eau et j’ai une affreuse envie de boire…et la suite est loin d’être glamour !

Et quelques mètres plus loin, C’EST MAGIQUE je me retrouve nez à nez face à un ravito éphémère, un vrai ravitaillement pirate (le truc qui n’existe pas !) il est tenu par une dame très sympathique qui vend ses boissons au prix fort, 5€ la canette et pour couronner le tout elle prend la CB, sans avoir le temps de réfléchir assoiffé, j’ai englouti 2 canettes J.

A savoir qu’il y a une source d’eau pour recharger les camelbacks 50 mètres plus loin…

Au vu de l’effort fourni depuis un bon moment ça fait du bien de faire une pause !

On continue de monter…

Comptez encore 500M D+ pour atteindre le haut au col de la Forclaz, il faut serrer les dents pour arriver en haut.

Il faut ensuite descendre radicalement (au sens littéral).

Cette partie est surement la plus dangereuse que j’ai pu faire en trail depuis mes débuts.

A la fois très exigeante et très technique, on passe du monotracé au très escarpé, accolé à une paroi rocheuse dans le vide, c’est véritablement très dangereux.

La roche est très glissante étant donné a plu quelques heures avant notre passage sans parler qu’il fait nuit noire, mais il faut rester vigilant malgré les 12 heures de course et presque 5000 D+ cumulé…la fatigue se lit sur nos visages.

Il sera nécessaire de mettre les mains pour avancer et pour éviter un drame, si vous tenez à rester en vie, rangez vos bâtons !

Impossible pour moi de sortir mon portable pour prendre des photos, je galère déjà avec mes bâtons que je ne peux pas plier….

Franchement, je ne comprends pas comment l’organisation maintien un passage aussi a risqué.

Arrivé 200 mètres plus bas, il nous faudra remonter le long de la montagne sur un autre versant, mais apparemment les coureurs seraient bloqués au Cormet de Roselend

Très concentré dans cette descente, je n’avais pas prêté attention à ce qui nous entourait.

C’est une fois arrivé en bas que je distingue sur des kilomètres les lampes frontales des coureurs stagner jusqu’au sommet. On avance tout de même sur 800 mètres, on nous fait patienter plusieurs dizaines de minutes dans le froid (il est tout de même 3h du matin), mais l’organisation prend la décision d’annuler la course sans explication.

On se doute bien qu’il y a eu un souci, mais on ne nous laisse pas le choix, il faut rebrousser chemin jusqu’à Bourg Saint Maurice, tellement d’efforts pour en arriver là….

On apprendra un peu plus tard sur le chemin du retour qu’un coureur de 35 ans serait tombé dans le vide juste avant le Cormet de Roselend

Cette situation a provoqué une incompréhension générale et a laissé des centaines de coureurs dans le froid à plus de 2000 mètres sans aucune explication.

Je pense que le staff a paniqué ne sachant pas comment réagir au vu de la situation.

Nous avons donc fait machine arrière dans une ambiance très pesante, à la fois avec beaucoup d’interrogation et d’incompréhension mais avec beaucoup de fatigue et d’énervement car le chemin est long entre Bourg Saint Maurice et notre position actuelle !

Un interminable retour la tête baissée tout au long du chemin, on arrive au bout de ce calvaire à l’aube.

Puis, il faudra s’armer de patience, une attente interminable dans un gymnase pour ensuite prendre un bus qui nous ramène sur Chamonix (attention, accrochez-vous !), on fait un très grand tour qui durera des heures car l’organisation n’avait pas prévu en cas de problème un passage rapide par le tunnel du Mont-Blanc……N’importe quoi !!

On se retrouve avec une organisation totalement désorganisée.

On reçoit des messages au fil de la journée sur l’incident en question.

On ne sait même pas où et comment récupérer nos affaires….

Fin de journée, nous aurons finalement un lot de consolation (la fameuse veste finishier).

Dans un 3ème temps, il y aura finalement 2 classements :

  • Celui des finishers (293 sur les 1600)
  • Celui des coureurs arrivés à Bourg Saint Maurice ou Fort De Platte

Malgré les effets d’annonces, je pense que l’ensemble des participants l’avait en travers la gorge….

Et je n’imagine même pas pour les étrangers….

Pour ma part, une belle frustration, j’étais super bien parti, super entouré, j’avais même droit à un groupe de supporters sur whatsapp.

En tout cas, je retiens que je suis arrivé à Fort De Platte en 10h38 et d’après leur classement je suis 221ème pas trop mal.

Il faut savoir relativiser, le pauvre type qui est mort ça aurait pu être moi ou mon pote !

Le lendemain, on découvrira les titres de la presse locale :  

Trail. Un coureur décède sur la TDS, l'UTMB endeuillé

On se dit @ + sur la ligne de départ pour 2022 !!

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