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Mes courses

45. ULTRA TRAIL SOURCE DE LA LOIRE 2021

30 Octobre 2021 , Rédigé par Pascal HOUVET Publié dans #Ultra Trail

ULTRA TRAIL SOURCE DE LA LOIRE 2021

Près du Puy en Velay, le départ sera lancé de la petite ville de Costaros dans le 43.

Cette fois-ci, je ne vais pas m’attarder sur le style de la course mais plutôt sur ce qui fait que notre sport ce qu’il est, une recherche incessante de dépassement de soi (fournir des efforts toujours plus importants) sans oublier une dose de remise en question nécessaire au renforcement mental et physique.

En résumé, la TSL est un 120 Km avec 3800D+ le week-end de la Toussaint.

Les informations à retenir :  un départ à 18h, un briefing de 15m juste avant le départ et oubliez l’arche gonflable ce n’est pas un départ traditionnel festif avec 500 coureurs, ICI c’est un départ à l’arrache de moins de 60 participants et de quelques encouragements des accompagnants.

Vu qu’une particularité en entraine forcement une autre, il n’y aura pas de puce sur le dossard, le contrôle sera effectué au stylo sur une feuille de papier, n’oubliez pas de vous signaler à chaque passage !!

Si vous vous posez des questions au sujet du tracé, le parcours ne nécessite aucune préparation au préalable c’est juste long.

Il y a 6 barrières horaires avec des écarts entre les ravitos qui peuvent paraitre long.

Le seul conseil que je peux vous donner, méfiez-vous des conditions climatiques qui peuvent être très dures.

 

0 - 16.5 km : Sachez que vous aurez à peine 1 heure de jour, la nuit tombera brutalement.

Attention en début de course, le parcours est à la fois roulant mais super casse gueule (nombreux passages caillouteux), tu peux facilement t’éclater une cheville bêtement.

J’ai pu taper la discute avec un autre coureur et sans s’en rendre compte notre moyenne était de 11.6km/h, attention donc à ne pas partir trop vite.

Sinon, cette partie est plutôt agréable avec de nombreuses descentes.

On arrive rapidement au ravito dans un petit village, franchement prenez un coca si besoin et repartez !

Il est juste là pour éviter de se faire 40 km d’une traite.

Attention également au balisage sur cette portion qui est à mon gout très léger (flèches au sol et absence de rubalise).

 

16.5km - 41 km : Par chance on évitera la pluie qui était annoncée à 20h, succession de montées/descentes, à travers forêt/bois, beaucoup de route (encore) attention au balisage car sur cette portion, je me suis perdu 3 fois avec 3 groupes différents….

Une grosse partie sous forme de monotracé qui est fait un cours d’eau, méfiez-vous des tapis de feuilles qui cachent de la vilaine caillasse, des trous et de belles racines, les descentes sont très délicates (prenez votre mal en patiente), cela entrainer un petit bouchon.

Vu mon peu d’activité sportive de 2021 et mes maux divers pendant ce trail (PB hanche gauche, cheville droite et mal intense sur le genoux gauche) on arrive tant bien que mal au ravitaillement.

A première vue dirait une buvette, ravito complet (plus fourni que le précèdent).

Il commence à faire frais et le vent s’invite (étant donné que nous avons pris de la hauteur) pantalon et vêtements chauds indispensables et pour la suite, j’ai environ 1h10 d’avance sur la barrière horaire pour le moment tout va bien.

Néanmoins, il sera quand même nécessaire de faire un bon break car la suite sera vraiment longue, prochain ravito dans 25km….

Du 41 au 67.5km : Toute la difficulté de l’épreuve commence maintenant !

On va dire qu’avant le 41ème kilomètre c’était l’échauffement histoire de prendre la température.

Une fois équipé d’une tenue chaude, on repart, sans savoir ce qu’on nous réserve pour la suite (une portion qui sera très très longue…et parsemée d’embuches…)

La suite c’est 400m D+ sur 5 km environ dans un décor tristement sombre.

Et dans cette obscurité des plus sinistre le vent commencera à se mettre à souffler fortement et plus nous prendrons de la hauteur plus le vent s’intensifiera.

La pluie s’invitera peu de temps après au début sous forme de petits crachats et en moins de 10 minutes se sera un vrai déluge, en moins de 3 minutes nous passerons d’être humain à éponge !

Le terrain deviendra très gras et de moins en moins praticable ce qui nous ralentira fortement.

Le vent quant à lui soufflera en continu à plus de 70km/h ce qui rendra les choses beaucoup plus compliquées.

Malgré une tenue de pluie à la sortie du ravitaillement tu es déjà trempé et ce calvaire va durer des heures…. le chemin sur des kilomètres sera un pauvre ruisselet, les routes permettront de casser cette pénibilité (difficile de dire ça pour un traileur).

De plus, le balisage sera tout simplement ridicule, déjà qu’il fait nuit noire et au vu des conditions climatiques, tu discernes à peine ton chemin et tout ça au beau milieu de nulle part et puis tu chercheras désespérément ton chemin (il est très fortement conseillé d’être au moins 2, sinon seul tu es cuit !).

Plus le temps passe plus l’expression « mouillé jusqu’à l’os » prendra tout son sens.

Tout en grelotant trempé malgré une tenue censée être imperméable, je me demande pourquoi je suis là (Merci Poulpi)

A savoir que j’étais équipé de gants protégés par des moufles imperméables, une sombre blague !!!

Plusieurs couches de vêtements trempés avec un vent fort ralentissant fortement nos mouvements et cette sensation de froid deviendra très rapidement horrible !

J’avançais péniblement sous ma capuche la tête baissée en suivant un coureur avec désespoir (nos échanges de mots du début laissèrent place à un silence de mort).

Je soufflais de l’air chaud juste pour essayer de me sentir mieux….

Malgré mon taux d’acception de la douleur et de l’inconfort, ces conditions extrêmes deviendront vite horribles, un calvaire…

Après plusieurs heures de souffrance, cette situation me forcera à douter, entrainera une baisse de moral et je tomberais peu à peu dans une introspection bien profonde (cette découverte, je m’en serai bien passé !).

Affrontant le froid, le vent et cette pluie de face, toujours la tête baissée sous ma capuche, le questionnement commence et un bon nombre d’interrogations s’enchaînera dans ma tête….

Qu’est-ce que je fou là ?

Quel intérêt y a-t-il  de courir dans ces conditions ?

Pourquoi endurer ça ?

Ça vaut réellement le coup ?

Ma femme et mon fils dorment au chaud et pourquoi pas moi ?

Tu remets même en question le fait de courir…

Et tu arrives à : finalement, Cela t’apporte quoi de courir ?

Du plaisir ?

De la souffrance ?

Les deux ?

C’est quoi ton problème sérieux ?

Un besoin d’estime ? d’épanouissement ? d’appartenance ? Les trois ?

Le doute est déjà fortement installé dans ma tête mais le questionnement va plus loin (malheureusement) ;

Faut-il avoir une situation professionnelle et/ou personnelle compliquée pour arriver à surmonter ce type d’épreuve ? Sachant que j’ai débuté le trail pour me vider la tête vu ma situation familiale de l’époque.

Suis-je trop heureux pour aller au-delà de mes limites ? Une famille au top, des amis, un bon job et une bonne santé…

Finalement, est-ce qu’un bon cadre de vie nous ramolli ?

J’avais déjà franchi des barrières physiques et mentales lors du trail du Papa Noel, mais là…c’est tout autre chose !

Deux kilomètres avant d’arriver au ravitaillement qui était censé être au 64.5km, nous sommes 3 groupes de traileurs atteignant un même point mais en arrivant de 3 chemins différents, totalement dingue, du jamais vu !!!

Encore là le balisage était bancal !!

J’arrive finalement au ravitaillement n°3 en moins de 10h frigorifié, gelé, agacé et épuisé mentalement.

Peu de place pour s’asseoir, pas de chauffage juste la chaleur émise par les coureurs et le fait que l’endroit est clos.

Nous sommes une dizaine de traileurs essayant d’essorer tant bien que mal nos vêtements et essayer de se réchauffer.

Malgré nos habits trempés, quelques plaids sont fournis généreusement afin limiter le froid au maximum, mais bon tes pompes sont pleines d’eau tu nages dedans….

Par chance j’avais conservé un tee-shirt manche courte dans un sac hermétique Ikea et à vrai dire enlever mes nombreuses couches de vêtements trempés fut une vraie libération mais ça ne m’empêchais pas de continuer de greloter.

Mes copains de galères quant à eux reprennent la route, malgré le froid, ce vent fort et leurs vêtements mouillés, mais ils sont au moins deux !

Je me laisse 30 minutes de réflexion tout en regardant les autres participants se motiver, mon regard reste vide… et je me dis que la base de vie est à 22 kilomètres au 86ème.

Décision difficile à prendre, je ne veux pas abandonner (comme sur Beaufortain et sur la TDS) mais je ne veux pas retourner dans ce calvaire !!

Le temps passe mais je n’arrive toujours pas à me réchauffer, pourtant je suis convaincu que j’ai les jambes pour continuer, mais plus d’envie, plus de volonté.

Je décide donc dans la douleur de m’arrêter là.

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