Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Mes courses

47. ULTRA DRAILLE - PIC SAINT LOUP 2022

28 Mai 2022 , Rédigé par Pascal HOUVET Publié dans #Ultra Trail

Ah !! Cet Ultra trail du Pic Saint Loup…

J’ai encore ce goût amer d’abandon de 2018 !

J’ai une revanche à prendre et je veux que le coupable soit expié de ses fautes !

Ce fameux matelas moelleux au 86ème kilomètre qui m’a tendu les bras après 19 heures de course.

La petite nouveauté de 2022, c’est un tout nouveau parcours !

Pour poursuivre mon entrainement, objectif « Diagonale des fous » je délaisse encore mes bâtons.

Départ : Brissac

Arrivée : St Matthieu de Tréviers

 

 Limité à 400 coureurs

  • Temps maximum : 29h

  • Départ : 5h30 du matin

Je vois ce nouveau parcours en 4 étapes :

0-31 km : Découverte des lieux

31-66 km : Dans le dur !

66-88 km : La fatigue, la nuit, l’horreur

88-120 km : Promenade de récupération

Ce qu’il faut savoir avant de se lancer sur cette épreuve, c’est qu’il fait très chaud en juin, c’est caniculaire.

Il n’y a aucune source d’eau sur les 120 kilomètres de course, soyez vigilants, hydratez-vous à fond, rechargez-vous en eau systématiquement à chaque ravitaillement, ce qui permettra d’éviter l’insolation (casquette/buff obligatoire).

Prévoir un terrain rude, pierraille à 80% (attention aux chevilles).

(Sur place) Je suis à la fois surpris et inquiet de voir aussi peu de participants sur la ligne de départ, moins de 100 traileurs au lieu des 400 de base…Mais, je vais vite comprendre, pourquoi !

0-31 KM : Une fois le départ lancé, on traverse brièvement le village de Brissac puis c’est parti pour

8 km avec ≈ 1 000 mD+.

On entame cette course par un chemin pierreux, puis un passage éphémère dans les bois pour arriver sur une sorte de route carrossable pour atteindre les hauteurs (antenne radio comme point de référence).

Ensuite, on traverse les crêtes sur 2 kilomètres vraiment très sympa, le paysage est à couper le souffle, il faut sauter de rocher en rocher, très amusant malgré le vide de chaque côté.

Après 1h20 de course ;

J’entame la descente pour atteindre mon 1er ravitaillement à Gorniès au 15ème kilomètre.

C’est un monotracé sur 6km 700m D- très végétal où l’on discerne à peine son chemin, la végétation est tellement dense qu’elle nous laisse de belles marques aux bras et aux jambes.

J’arrive au ravito en 2h10, je prends un Coca et je repars aussitôt !

C’est parti pour la 2ème ascension : 10 km pour 660m D+ à travers la pampa (un mélange de plaines, de bois, d’herbes hautes et de garrigue, méfiez-vous du balisage entre le 20ème et le 24ème.

Je vous conseille de maintenir une allure rapide avant que le soleil pointe le bout de son nez.

« Anecdote rigolote », après 3h30 de course, ma femme me téléphone pour m’informer de la situation et ce n’est généralement pas dans ses habitudes surtout en début de course.

Elle me dit : « j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle, la bonne c’est que tu es 22èmemais la mauvaise c’est que tu vas carrément trop vite, j’avoue que je ne m’en suis pas rendu compte.

Je vais surement le payer plus tard !

J’arrive en haut de cette 2ème montagne au bout de 4h de course, il est 9h30 du mat et le soleil commence à se faire ressentir.

J’entame la descente sur 5 km et 600m D-, le chemin est super désagréable, le sol est jonché de caillasse blanche instable réfléchissant les rayons du soleil.

J’ai l’occasion de me faire dépasser au 28ème par le 1er de l’Hérault trail (76km 3400D+).

Je fais en sorte de maintenir mon allure dans la descente pour arriver au 2ème ravito en 5h !

Je retrouve ma famille qui m’apporte une aide précieuse militarisée et trop efficace, c’est génial, j’ai trop de chance !!

Cette 1ère partie est à la fois belle et agréable, elle permet de se familiariser avec son environnement et prendre du plaisir (pour une fois !)

15 minutes d’arrêt et c’est reparti mon kiki !

31-66 km : 3ème sommet à gravir, peu de difficulté peu de kilomètre, chemin partiellement ombragé avec des pentes plus raides. Environ 5km pour 600D+ et la même chose en descente, principal facteur à prendre en compte c’est bien cette chaleur qui s’installe…

Sur la fin de cette descente après 7h10 de course, j’ai vraiment très chaud et d’après ma montre il fait déjà 33°, rien d’anormal, vu qu’il est midi.

J’ai la chance de tomber sur un restaurateur qui a prévu de nous filer un coup de main, il a installé une douchette afin de nous asperger d’eau et de nous faire gouter sa citronnade maison, adorable !!

Surement une très bonne adresse : Lou Regalido (4.8/5) Sur Pégairolles-de-Buèges.

Je me rapproche du 3ème ravitaillement situé au centre de Pégairolles, un petit hameau trop mignon perché au cœur d’une vallée verdoyante.  

Mais pour atteindre ce coin de paradis, il faut arriver à monter les nombreuses marches… (80m D+)

Lors de ma tentative sur la 1ère marche, je lève à peine la jambe que je suis pris d’une crampe sur la cuisse droite, je tente de changer de jambe mais le résultat est identique… je suis au pied du ravito et je ne peux pas y accéder... J’ai 38 ans et on dirait que je suis un petit vieux qui est pas foutu de monter un pauvre trottoir…horrible, frustrant !

Bon, je prends mon mal en patiente, j’essaie de me détendre du mieux que je peux en me massant à l’huile d’arnica de manière à faire passer les crampes, je pense que c’est l’effet d’une allure rapide et d’un manque d’eau qui provoque ces contractions musculaires involontaires.

Il est 13h10 et j’arrive enfin au ravito du 41ème kilomètre !

Vu l’état de fatigue de l’ensemble des coureurs (dû en grande partie à cette chaleur insoutenable), les bénévoles sont aux petites soins avec nous tant moralement que physiquement. Ils se proposent même de nous apporter ce dont nous avons besoin afin de nous reposer.

Une douchette a même été installée, génialissime !!

J’ai bien conscience que je suis bien entamé et que je suis à peine au tiers du parcours, mes jambes sont encore bien raides malgré mes 30 minutes de pause.

Je me force à repartir en espérant que le mélange sucré/salé fasse son effet !

La suite est assez longue, mais ne représente aucune difficulté, ≈ 14 km pour 650m D+.

Un tracé sur 5 km pas trop raide mais peu ombragé, au 48ème l’inclinaison est bien plus franche sur

≈ 1.5km pour d’atteindre le plateau à 800 mètres d’altitude.

Arrivé en haut, je pars sur ma droite et au bout de 2km je me rends compte que ça fait un bon moment que je ne vois plus de rubalise…Je comprends vite que je me suis trompé de chemin……très énervé, je reviens sur mes pas pour finalement partir sur la gauche et apercevoir au loin les gars que j’avais dépassé il y a déjà un bon moment, je suis tout de même rassuré !

Ensuite, la portion plateau parait longue, 6km sur monotracé puis route carrossable, j’aperçois le 4ème ravitaillement du Mont St Baudille (identifiable par une immense antenne radio) au 55ème.

C’est de très loin le plus festif, les bénévoles poussent le son à fond et jouent avec leurs cloches pour chaque arrivée et chaque départ c’est vraiment génial !

Au menu, soupe chaude aux vermicelles et blagues à GOGO !!

Grand luxe, nous pouvons nous reposer sur des chaises de camping super confortables !

J’ai passé un agréable moment, très réconfortant, je me sens réparé moralement.

La suite est plutôt gérable, une longue descente sur 12 kilomètres avec 650m D-.

Le chemin reste pierreux, mais agréable dans l’ensemble, le paysage est splendide on y aperçoit de nombreuses dolomites, peu de technicité et c’est beaucoup moins traumatisant qu’au début.

Au vu de mon état de fatigue après 12 heures de course, j’essaie de maintenir un rythme correct afin d’arriver en bas en 2h et de tenir mes prévisions et je sais que ma famille m’attend à St Guilhem.

Et, c’est un gros soulagement lorsque j’aperçois enfin le ravitaillement du 66ème je sais que je peux enfin souffler !

D’après ma montre, je suis dans les temps, il est 19h11, la barrière horaire est à 22h donc j’ai 3h d’avance, break d’au moins 1h !

Ma famille me prend en charge immédiatement, je dois bien admettre que suis épuisé, je paie cash le fait d’être aller trop vite au début, l’effort était trop soutenu et mon corps ne manque pas de me le rappeler !

Et que c’est dur de se forcer à manger quand on n’a pas d’appétit, mais on me force à engloutir du solide pour essayer de récupérer.

J’ai tellement forcé que même assis, je suis pris de spasmes, c’est trop perturbant, j’ai de grosses contractions involontaires aux mollets et malgré le message de ma femme, elles ont du mal à se dissiper.

Quant à mon beau-frère, il gère mon équipement pour les 54 prochains kilomètres.

Après un repos bien mérité, j’enfile des vêtements secs et je repars avec incertitude vers les coups de 20h30 et sous les encouragements de mes proches avec l’espoir d’arriver au bout de cette course de dingue.

66-88 km : La nuit commence à tomber et je ne sais pas trop à quoi m’attendre…

Mais la veille au briefing, on nous avait mis en garde sur une portion compliquée et dangereuse….

7 km et 500m D+, 3 kilomètres sur sentier escarpé puis ça devient de l’escalade à la fois très technique et risqué et encore plus de nuit. Il faut grimper sur des blocs rocheux de 3,5,8 mètres pour atteindre le haut des falaises, celles que l’on peut apercevoir de la vallée.

C’est bien la première fois que j’expérimente cela !

Je trouve ça d’autant plus dangereux que la fatigue et la nuit ne font pas bon ménage.

Mon allure moyenne dégringole fortement.

D’autant plus que le balisage est perturbant, j’ai plusieurs fois tourné en rond.

Je me suis même retrouvé carrément sur un autre col complément paumé à crier à l’aide au beau milieu de nulle part…et impossible de retrouver le chemin que j’avais emprunté !

Pas le moindre signe de vie aux alentours, aucune lampe frontale visible et à ce moment-là je commence vraiment à paniquer…et pour couronner le tout mon Beau Frère avait gardé mon smartphone avec lui…aucun moyen d’appeler qui que ce soit….

Je tente de redescendre à la force des bras sur un gigantesque rocher et une fois en bas j’essaie de me frayer un chemin à travers la pinède sèche et épineuse.

Malgré mes essais infructueux, je fais en sorte de garder mon calme et c’est au bout d’une quarante de minutes que je retombe enfin sur une rubalise, quelle chance de retrouver mon chemin !

Après toutes ces émotions, je tombe sur des bénévoles au 70ème kilomètre pour un ravitaillement liquide, ça fait du bien de parler à des gens !

Bon, c’est l’heure de redescendre pour 3 km et 250m D-.

Ensuite, c’est 7 km d’ascension et 400m D+, une bonne partie de crêtes, c’est rocailleux et difficile d’accès, la végétation y est toujours aussi hostile sans parler du froid et du vent qui se sont invités.

Au 80ème kilomètre, je suis contraint de rebrousser chemin car je me suis encore perdu et je ne comprends pas ce putain de balisage de merde !!!

Manque de lucidité ou mauvaise réalisation ?

Mais là, c’est interminable et honnêtement je commence à perdre patiente et je veux vraiment me tirer de cet endroit, j’ai l’impression de tourner en rond depuis au moins 20 minutes.

J’avais prévu de faire cette portion de 14 km (du 66km au 80km) en 3h mais finalement, j’aurai mis 7h……une dinguerie !!!!

Ma lampe frontale commence à indiquer des signes de faiblesse, je m’assoie pour changer les piles et je tombe au même moment sur deux autres coureurs à contre sens.

Je leur demande ce qu’ils font dans cette direction et il m’explique que c’est moi qui suis en sens inverse. Ils me suggèrent de rester avec eux jusqu’au prochain ravitaillement.

C’est épuisé, la tête baissée que j’entame la descente avec eux, 4km et 300m D- c’est raide, très peu praticable, c’est que de la roche…

A partir du 84ème kilomètre, le tracé redevient normal, je décide de quitter mes camarades et d’accélérer jusqu’au ravitaillement de la Causse de la Selle au 89ème.

Je suis très heureux d’être arrivé là et en plus sous les encouragements des bénévoles, j’en profite pour papoter avec eux 10 minutes et de repartir.

La suite est beaucoup plus roulante, 10 km en footing sur du faux plat montant pour atteindre le ravitaillement de St Martin de Londres au 98ème.

Le jour commence à se lever.

Etonnement le paysage sur ce versant est beaucoup plus vert, j’emprunte une sorte de cours d’eau asséché (prévoir du faux plat montant/descendant sur des kilomètres).

J’ai pour objectif d’arriver pour le départ de ma femme à 9h !

Je maintien un footing progressif sur des kilomètres afin d’atteindre le dernier ravito de St Mathieu de Tréviers au 107ème.

Je vois le temps défiler et je comprends vite qu’arriver pour 9h ne sera pas réalisable donc je prends le temps de discuter avec les bénévoles avant de repartir.

La fin est proche, je le sens bien !

Il ne me reste plus que la traversé du Pic Saint Loup et une longue descente pour rejoindre la ligne d’arrivée. Je suis à 27h de course et je me sens requinqué pour terminer en beauté.

Le parcours touristique du Pic St Loup est très agréable et j’ai le plaisir d’avoir beaucoup de soutien parmi les promeneurs ce qui me fais arriver plus vite en haut.

Je me force à descendre pleine balle pour un beau finish.

Pendant la descente, j’ai l’occasion de rencontrer une nana qui va m’aider à maintenir ce rythme soutenu malgré la fatigue qui se fait ressentir à chacune de mes foulées (un grand merci à elle !).

Le chemin est assez technique principalement composé de racines et des pierres, mais ça ne m’empêche pas de tenir le coup !

Arrivé en bas, dernière ligne droite et je décide de finir en sprintant pour marquer le coup !

Fin de l’aventure en 28h30 et sous les encouragements des deux speakers, un pur bonheur !

Je suis très très heureux !!

Les animateurs sont extrêmement gentils avec moi, j’ai le droit à des applaudissements et des félicitations.

Et la super bonne nouvelle, on m’informe au micro que je suis le 1er sur la catégorie « Master 0 »

Mon 1er podium !

Je suis 36ème sur les 42 finishers.

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article